Signe de stress ou d’anxiété, cette manie (onychophagie) peut apparaître dès 4 ans, et 30 % des enfants entre 10 et 16 ans seraient concernés.
Faire la part des choses
Dans la plupart des cas, il s’agit d’un trouble léger et passager, qui ne dure que quelques semaines ou quelques mois, selon les enfants, et s’estompe facilement par une activité physique et/ou des explications sur les effets négatifs (hygiéniques, esthétiques) de cette pratique.
L’onychophagie sévère, en revanche, a tendance à s’installer. Elle a aussi des conséquences plus importantes sur les ongles, sur les doigts (peau arrachée autour des ongles) et même sur les dents. Elle peut engendrer des risques infectieux, s’accompagner de trichotillomanie (manie de s’entortiller et de s’arracher cheveux, cils et sourcils) et de bien d'autres tics, comme celui de mâcher ses vêtements, mordiller ses crayons / bics et bien plus encore...
Eviter de le culpabiliser
Zapper les traitements peu efficaces, voire dangereux, comme le vernis au goût amer ou le fait de lui couper très fréquemment les ongles. Cela risque de culpabiliser l’enfant davantage et d’aggraver les choses.
Valoriser son Estime de soi
L’aider dans son estime de soi : l’enfant qui se ronge les ongles, souvent anxieux, a besoin de se sentir valorisé, rassuré, compris. La meilleure position à adopter consiste donc plutôt à l’aider à s’exprimer et à relativiser ses problèmes, et à lui confier des responsabilités de son âge, qui le mettent en valeur : mettre la table, acheter le pain, aider son petit frère...
Lui proposer un exutoire
Lui trouver des occupations : le fait de s’extérioriser dans un sport collectif ou dans des pratiques culturelles, comme la peinture ou la musique, peut l’aider efficacement à trouver sa place, à s’exprimer autrement et à évacuer le stress. Ces activités ont en outre l’avantage de monopoliser son esprit autant que ses mains…
Relaxation et sophrologie
Essayer les techniques de relaxation : pour ces enfants anxieux, rien de tel que les moments de calme où ils prennent conscience de leur corps, en oubliant l’environnement extérieur. Musique douce, exercices de détente et de respiration peuvent améliorer considérablement leur état psychique et physique.
Aux petits qui n’ont pas forcément la pleine conscience de leur corps, on demande de crisper tous leurs muscles puis de les relâcher d’un seul coup.
Idem pour la respiration : ils soufflent le plus longtemps possible sur la flamme d’une bougie, mais sans l’éteindre, pour mesurer leur souffle et le ralentir.
La relaxation de Jacobson, la sophrologie, la méditation sont des outils très efficaces.
Après avoir reçu plusieurs enfants anxieux, qui venaient me voir pour les aider à se détendre, à calmer leur colère ou à mieux dormir, et qui se rongeaient les ongles, nous avons constaté avec leurs parents qu'au fur et à mesure de leurs visites, ils cessaient ou diminuaient nettement de se les ronger. ILs en étaient très fières
Apprendre à prendre soin de son corps
On apprend à tout âge et bien nombreux sommes-nous à ne pas savoir prendre soin de nous, même ( et surtout) adulte !
Il est donc très important d'apprendre à nos enfants à prendre soin d'eux, de leur corps et donc de leur mains. Des crèmes qui sentent bon, faites maison c'est encore mieux et sensibilise votre enfant à fabriquer lui même ses produits de beauté, de soin.
Des ateliers sont prévus pour fabriquer ses cosmétiques et produits de soin pour la peau en cours d'année, chez Zen-Line par exemple !
En cas de comportement persistant
Consulter un psy : quand cette manie est installée, elle témoigne souvent d’un malaise plus profond. L’aide d’un psychologue clinicien peut alors être nécessaire pour désamorcer le processus. Selon les cas, il privilégiera une ou plusieurs techniques : psychothérapie, thérapies cognitivo-comportementales (TCC) qui permettent de se concentrer sur des exercices pratiques, etc.
D’où ça vient ?
Chez le jeune enfant, l’onychophagie se manifeste en général par mimétisme (et oui, parents, regardez vos ongles !), par ennui, ou simplement comme moyen de transfert du pouce ou de la tétine. Elle peut apparaître lors de perturbations passagères ou durables et disparaître toute seule. Mais si cette manie est associée à d’autres troubles (du sommeil, par exemple) ou si l’enfant persiste à se ronger les ongles quand il est plus grand, il s’agit plutôt d’anxiété et/ou de stress. On repère souvent ce trouble dans un contexte d’exigence scolaire ou parentale, où l’enfant a un souci de performance envers lui-même, ou simplement une difficulté à trouver sa place dans sa fratrie, dans sa famille. Ce mal-être peut être transitoire, mais il est important d’être vigilant, d’autant que des TOC (troubles obsessionnels compulsifs) peuvent apparaître simultanément.
Les complications
Vous pensez que le fait de se ronger les ongles est plus inesthétique que dangereux pour la santé ? Détrompez-vous, car cette mauvaise habitude peut toutefois occasionner certains désagréments insoupçonnés pour les doigts mais aussi pour les dents.
Les personnes qui se rongent beaucoup les ongles augmentent considérablement leur risque de souffrir d’un panaris au doigt. Les lésions générées par le rognage au niveau de l’ongle constitueront une véritable porte d’entrée pour les bactéries.
Mais l’onychophagie sévère peut également entraîner des gingivites, ou altérer la surface des dents en occasionnant une multitude de microtraumatismes et de fissures microscopiques de l'émail .
Pour venir à bout de l’onychophagie, il est donc impératif d’en comprendre l’origine ! Le stress, l’ennui, le mal-être, la solitude… les causes de ce trouble sont multiples et variées. Il est donc impératif de réaliser un travail introspectif, sur notre enfant mais aussi sur nous, pour en comprendre le mécanisme déclencheur, ronger ses ongles n'en n'est qu'un signe extériorisé.
Patience, compréhension, relaxation et restauration de l'estime de soi sont les meilleurs remèdes.
 lire
"J'arrête de me ronger les ongles", de Bertrand LABES
"La sophrologie avec les enfants, ça marche", de Clotilde AUDIN
"Anxiété, la boîte à outils", de Ariane HEBERT
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